La fourmi qui ne rapportait rien

Il était une fois, il y a très longtemps, au temps où certains hommes avaient encore le pouvoir de communiquer simplement avec les animaux, dans un très beau pays d’Afrique, un petit garçon qui aimait passer son temps à regarder les fourmis.

Le matin, après avoir effectué les petits travaux pour sa famille et le village, il était libre de son temps et depuis quelques jours il observait les allées et venues d’une fourmilière. Ce matin là, il avait les yeux dans le vague en nettoyant sa calebasse et son père lui demanda ce qui le rendait si songeur.

« Papa, saurais tu pourquoi une fourmi et une seule, parmi toutes les fourmis de la fourmilière, ne rapporte jamais rien ? Elle suit les autres jusqu’au grand papillon mort, mais là elle semble perdue puis elle repart sans rien. Je trouve cela bizarre. » Son père eut un étrange sourire et lui fit cette réponse « Ah, il faut demander à Mma Ramisté, cela fait bien longtemps que je ne lui ai plus parlé. »

Et son père lui raconta qu’il y a longtemps il s’était lié d’amitié avec une jeune fourmi à laquelle il pouvait parler grâce à un ingénieux système qu’il avait inventé. Il proposa à son fils de l’accompagner ce jour là et d’essayer de parler à cette curieuse fourmi. Le jeune garçon était enthousiaste à l’idée de pouvoir communiquer avec un être aussi petit et c’est avec fierté qu’il conduisit son père près du grand papillon mort.

Comme tous les jours depuis que le papillon s’était éteint au pied de l’acacia, une colonne de fourmis allait et venait. Le père saisit une feuille d’acacia, la roula pour en faire un petit tube et se mit à quatre pattes. Le jeune garçon l’imita et, après quelques secondes, lui indiqua la fourmi qui ne rapportait jamais rien. Le père, s’aidant du petit tube, interpella alors la fourmi d’un voix très douce.

« Bonjour, mes salutations à votre famille jeune fourmi. Je me nomme Poliké, et voici mon fils Motusé. »

« Bonjour Rra Poliké et jeune Motusé, je me nomme Mitsi. Mes salutations à votre famille également. » Grâce au tube, la voix de Mitsi la fourmi leur arrivait faible mais claire. « Je dois vous laisser, je dois suivre la colonne, même si je ne comprends pas bien ce que nous faisons là. On me parle de nourriture, mais je ne vois rien .. depuis quelque temps je ne vois que du flou d’ailleurs .. je dois me dépêcher de suivre mes amies. Au revoir. »

« Attendez .. je peux vous aider je pense. Ou du moins je connais quelqu’un qui peut vous aider. Lorsque vous rentrerez à la fourmilière, cherchez Mma Ramisté, elle était mon amie autrefois, et expliquez lui votre problème. » La fourmi avait déjà fait demi tour et repartait avec ses congénéres. Motusé regarda son père qui lui sourit et lui dit « Si Mma Ramisté est restée telle que je l’ai connue, tu devrais avoir une surprise demain. »

Le lendemain Motusé expédia les travaux qu’il devait faire pour sa mère plus rapidement que jamais et courut jusqu’à l’acacia. Toutes les fourmis étaient là sauf Mitsi. Son père lui enjoignit la patience, ce serait peut-être pour cet après midi, ou pour demain. Et Motusé attendit, attendit …

Pendant ce temps, Mitsi de retour à la fourmilière avait cherché Mma Ramisté et l’avait trouvée Mma Ramisté était une vieille fourmi, si vieille qu’elle ne travaillait plus, ce qui est très rare chez les fourmis. En arrivant devant elle Mitsi l’avait salué à la manière traditionnelle des fourmis, en touchant ses antennes mais n’avait pu s’empêcher de remarquer que Mma Ramisté avait devant les yeux de drôles de pierres transparentes. Lorsqu’elle lui eut expliqué le motif de sa visite et mentionné le nom de l’homme qui lui avait parlé la veille, Mma Ramitsé eut un long soupir et parut à la fois nostalgique et heureuse. « Ah, Rra Poliké. C’est un ami très cher, c’est grâce à lui que le flou a disparu de ma vie. Viens avec moi et pour toi le flou pourra aussi disparaitre. »

Mitsi était toute étonnée mais décida de suivre la vieille fourmi qui s’était mise en marche sans attendre. Elles traversèrent de grandes étendues de sable, puis contournèrent un marécage et juste avant la tombée de la nuit arrivèrent devant ce qui semblait être une montage de tous petits cailloux. « Nous allons dormir ici et demain commencera ta quête pour la clarté. »

Le lendemain, c’est un rayon puissant qui réveilla Mitsi. Ce qui, la veille, semblait être une montagne de cailloux était en réalité un amoncellement de minuscules morceaux de verre, qui reflétaient le soleil en des millions de rayons lumineux. « Maintenant c’est à toi » dis Mma Ramitsé, « Va et essaye les devant tes yeux, un à un s’il le faut, jusqu’à ce que le flou soit remplacé par la clarté. »

Mitsi se mit au travail, et avant la fin de la matinée elle avait trouvé deux morceaux de verre qui allaient parfaitement à sa vue. Lorsqu’elle les montra à Mma Ramitsé, celle ci les assembla à l’aide de nervures de feuilles d’acacia et les posa délicatement sur le nez de Mitsi. « Voilà, tu es officiellement la deuxième fourmi à lunettes de notre fourmilière. Comment te sens-tu ? »

« Waouh … je vois, je vois parfaitement … je vois toutes vos rides Mma » .. « Euh pardon, je ne voulais pas dire ….  » mais Mma Ramitsé avait éclaté de rire, et ce sont deux fourmis à lunettes pleines de joies et de rire qui rentrèrent à la fourmilière.

« Papa, papa …  Mitsi a de minuscules lunettes, et elle rapporte la nourriture maintenant. Et en plus, grâce à la feuille tube, je l’entends rire. » Motusé avait eu une très grande surprise et son père sourit en songeant que Mma Ramitsé n’avait pas changé.

 

 

 

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